vendredi 17 octobre 2014

Canard aux 5 parfums



Dans la série des recettes qui fonctionnent super bien avec les gnomes, tout en permettant de leur faire découvrir d'autre goût que le standardisé, en voici une que ma cacahuète démoniaque adore.

Aiguillettes de canard aux 5 parfums

Ingrédients : 

Aiguillettes de canard (compter 100 à 130 gr par adulte et 50 gr par gnome de moins de 5 ans)
25 ml de lait de coco
25 ml de crème de coco
2 cc de 5 parfums (épicerie asiatique)
Sel
Huile de sésame

Préparation :

Frottez une poêle avec un peu d'huile de sésame.
Faites ensuite revenir vos aiguillettes de canard à feu doux. Elles doivent être cuites tout en douceur, sous peine de voir la viande durcir. N'allez pas jusqu'à la cuisson complète, en 2 minutes grand maximum, elles sont assez cuites.
Sortez les aiguillettes de la poêle et réservez-les dans un plat à part.
Hors du feu, déglacez votre poêle avec le lait de coco. Remettez sur le feu avec 2 cc de mélange 5 parfums.
Dès que le lait de coco frémit, ajoutez la crème de coco, mélangez et laissez frémir de nouveau.
Lorsque la sauce frémit (évitez de la laisser bouillir), replongez les aiguillettes, et terminez la cuisson, sans augmenter le feu. Cela doit prendre 3 minutes environs. Salez à votre convenance, ne poivrez pas, vous étoufferiez le 5 parfums.

Cette recette est très rapide à faire : moins de 10 minutes tout inclus si votre accompagnement est déjà prêt !

En parlant d'accompagnement, la recette se marie très bien avec des pâtes, ou du blé (ou épautre, quinoa, etc...) cuit avec quelques raisins secs.
S'il vous reste de la sauce, vous pouvez la rallonger avec un peu de lait (classique ou soja) et la servir froide avec des carottes râpées. Succès assuré !

lundi 13 octobre 2014

Tant qu'il y aura du vent : nouvel extrait

Un nouvel extrait de "Tant qu'il y aura du vent"

Il s'agit ici d'un extrait très court. La fin d'un des souvenirs que Shuto se remémore. On se situe bien plus loin dans le roman. Le bateau est toujours bloqué en mer des Sargasses et l'eau potable commence à se faire rare. Vous pouvez retrouver l'incipit du roman ici.

     Calée dans son fauteuil, la tête renversée sur le dossier, elle laissait le vin la prendre. Ses arômes continuaient à résonner sur sa langue ; son parfum l'enveloppait, bouleversant le décor. L'alcool lui tournait la tête. Paisiblement. Sans excès. Juste ce qu'il fallait pour qu'elle s'abandonne. 
Ces côtes de Grâves comptaient parmi ses vins préférés, bien loin devant ces rouges solaires aux goûts de vacances et de fruits cueillis ou prisonniers des branches. Les Grâves lui chantaient un autre air. Elle en repris une gorgée, la laissa longtemps imprégner sa bouche et ses sens. L'avala. Soupira. Non, pas de fruit domestiqué qui attend la main du cueilleur. Le philtre dans sa gorge lui parlait de soleil brûlant au goût de poussière, d'arbres sauvages, de faunes accroupis entre leurs racines. Il lui parlait du fruit mûr qui tombe au pied de l'arbre, et de liberté. Pas de fruit dressé, ni de fruit pourri. Le fruit parfait, gorgé de vie, qui a connu le ciel et enlace la terre. Le fruit sans attente, libre. Il pourrira demain, mais peu importe. Aujourd'hui est fait de sucre et de liberté. Aujourd'hui, son parfum s'étend sur les racines évadées de l'humus.
Se redressant, elle vida ce qu'il restait de sa coupe. Dans ses yeux, l'âme du vin, la liberté des Grâves, dansait. Elle sourit, renversa de nouveau la tête. Sereine, elle s'abandonna au murmure du vin, au chant de la flûte et au roulement des sabots qui peuplaient son âme. Elle pourrirait demain. 
     Face à elle, dans le second fauteuil, un homme l'observait. Amusé de son attitude lascive et du prétexte du vin. Plus loin, bien plus loin, un homme l'observe. Les yeux creusés par la fatigue, les lèvres usées par le sel, il l'observe. Enfin il la voit. Un instant cette soif de liberté déferle en lui, noyant sa propre soif, un instant il goûte ce soleil de poussière. Un instant le plaisir étire sa bouche en un sourire qui lui fend la lèvre. Une goutte de sang, du sombre rouge des Grâves, se forme sur sa peau. Par-delà le temps, par-delà l'espace, il goûte enfin ce plaisir avec elle. Il s'abandonne à leur émotion, et Mnémé lui sourit.

jeudi 9 octobre 2014

Stage Liégeois et interrogations personnelles

 

     Mon premier stage d'aïkido de l'année se déroulait ce week-end à Liège, sous l'égide de Léo Tamaki senseï. Comme toujours, ce fut un moment riche d'enseignements et de partage, deux jours de pur plaisir bien trop vite passés.
     Sur le chemin du retour, en échangeant des impressions avec Alex qui pour l'occasion faisait la route avec moi, j'ai pris conscience que les stages belges avaient nettement ma préférence. Non pas que les stages en France me déplaisent ou soient dépourvus d'intérêts (ce serait un mensonge éhonté que de prétendre cela), mais plutôt que les stages en Belgique ont toujours un petit quelque chose qui décuple le plaisir d'y participer.
     Un petit quelque chose, oui mais quoi ?

La même formule ...

     Difficile de mettre le doigt sur ce qui change. Globalement, la formule reste la même : prenez un dojo, un senseï, une bande d'élèves à peu près disciplinés... Agitez et servez bien chaud ! J'exagère, bien sûr, mais à peine.
      Le lieu ne change pas grand chose, du moins de mon point de vue. Il m'est arrivé de découvrir des dojos magnifiques, ou des dojos improvisés avec d'improbables vestiaires planqués derrière des tables de ping-pong, et même des dojos pour le moins vétustes où l'on faisait voler des nuages de poussière à chaque chute. A vrai dire, peu m'importe. S'il est vrai qu'il est agréable de pratiquer dans un lieu d'une grande beauté et/ou chargé d'histoire, à mes yeux le dojo ne fait pas plus le stage que l'habit ne fait le moine.

     De la même manière, ce n'est pas le senseï qui change le stage.
     Ne bondissez pas tout de suite de vos sièges, je ne suis pas en train de dire que tous les senseï se valent ! Bien loin de moi l'idée d'une affirmation aussi saugrenue ! Il est évident que tous ne se valent pas, ne serait-ce que parce qu'ils n'enseignent pas les mêmes choses, ni avec les mêmes méthodes.
     Mais entre deux stage du même professeur, ce n'est pas lui qui explique la différence. Qu'il enseigne à Paris, à Liège ou à Tintagel, Léo Tamaki reste Léo Tamaki. C'est toujours la même qualité et la même richesse d'enseignement, la même pédagogie patiente et bienveillante... Hum ? Ha, on me souffle d'arrêter le cirage... Ok, soit ;)
   Bref, il faut chercher ailleurs la source de la différence.

... et pourtant.


     Car différence il y a. Lorsque je fais le bilan de mes différents stages, c'est flagrant. A une exception française près, je reviens toujours des stages belges avec plus de pistes de recherche, plus d'avancées, etc...
Alors pourquoi ?

     Il ne reste qu'une possibilité : les participants.
     Je parlais l'an dernier de l'impact que pouvait avoir l'attitude d'un maître sur le déroulement d'un stage (ici). J'ai pu constater que l'inverse est tout aussi vrai. L'attitude et l'état d'esprit des élèves peut considérablement modifier l'ambiance d'un stage et ce que l'on en retire.
     Bien sûr, il y a déjà des questions d'affinités qui entrent en jeu. Il est évident que nous apprenons d'autant mieux que nous prenons plaisir à pratiquer avec nos partenaires. Et soyons honnêtes, nous sommes humains. S'il est très rare qu'il y ait de véritables antagonismes sur le tatamis, il est en revanche évident qu'il y a des affinités particulières. Mon affection pour les stages belges tient d'ailleurs en partie à cela : j'y retrouve de nombreux pratiquants que j'apprécie beaucoup. Non que je n'apprécie pas les pratiquants ailleurs, mais là, il y a une véritable concentration de gens que j'ai grand plaisir à retrouver !



Photo Shizuka Tamaki


L'attitude face à l'enseignement

     Mais l'accueil et les affinités ne font pas tout. L'attitude de l'élève face à l'enseignement qui lui est proposé joue également un rôle très important et c'est là le vif du sujet.
     J'ai eu la chance l'an dernier de participer à un assez grand nombre de stages, ce qui m'a permis de croiser un nombre encore plus grand de pratiquants... et donc d'attitudes. Il me semble pouvoir dégager deux grandes tendances. Les élèves qui viennent chercher un enseignement et ceux qui viennent travailler le leur. Cette dichotomie peut sembler un peu caricaturale, elle a bien sûr besoin d'être nuancée, néanmoins, je la trouve assez parlante. A chaque nouveau stage de Léo Tamaki, je perçois cette différence de plus en plus nettement.

     D'un côté j'observe des pratiquants qui viennent chercher l'enseignement de Léo, avec toutes ses spécificités. Je n'apprendrai rien à personne en affirmant que l'école Kishinkai et Léo Tamaki proposent une forme de travail particulière de l'Aikido. Je ne vais pas faire ici l'inventaire de ses spécificités (vous pouvez trouver ici un très bon article sur le sujet, je ne vais donc pas paraphraser mes sempaï), simplement, il va de soi qu'elles impliquent une façon différente de travailler les techniques. Quel que soit le stage, je vois toujours de nombreux élèves, issus d'écoles diverses et variées, prendre la peine de travailler comme Léo le leur propose et non comme ils en ont l'habitude. Personnellement, c'est de loin l'attitude que je préfère. Il est beaucoup plus agréable de travailler avec quelqu'un qui a cette approche : on peut réellement expérimenter, creuser, chercher avec son partenaire (voir patauger allègrement à deux le cas échéant !).

     A contrario, j'ai aussi pu observer un tout autre type de pratiquants. Ceux qui, quelle que soit l'approche proposée ne travaillent que comme ils en ont l'habitude. J'imagine qu'ils doivent trouver un intérêt à leur démarche, même si j'ai du mal à percevoir ce que le stage leur apporte dans ces conditions. Peut-être justement ne voient-ils le stage que comme un entrainement supplémentaire, et non comme l'occasion d'approfondir ou de se confronter à d'autres aspects de leur discipline. Je ne me permettrai pas de juger ce point de vue, chacun ses choix, le but de l'article est simplement de montrer ce que cette attitude donne à ressentir.

J'exclus également volontairement les pénibles de base qui sont en représentation et viennent montrer "comment il font trop bien, t'as vu ?". Pour avoir été une fois cette pénible de base, je sais que ça n'apporte rien à personne, que c'est juste puéril, voir méprisant. Je crois bien que cet entraînement a été le plus désastreux de tous ceux auxquels j'ai participé ; toute à l'exaltation de ce que je venais d'apprendre (en stage justement), j'ai voulu pratiquer de cette manière dans un club d'aikibudo. Erreur grave ! J'en suis sortie avec encore plus de blocages sur cette discipline, et je doute d'avoir donné aux autres pratiquants la moindre envie de venir découvrir le travail dont j'avais tenté de faire l'éloge.
Fort heureusement, ces pénibles de base, à moins d'être gonflés d'orgueil à s'en envoler, ne sont dans ce rôle que très provisoirement (normalement, on se remet assez vite en question !). Ils sont donc très peu nombreux. Voilà pourquoi je préfère parler de ceux qui viennent travailler leur enseignement, au détriment de celui proposé.

     Bien sûr, ce comportement n'est pas propre aux stages de Léo Tamaki. En avril dernier, quelle surprise ce fut pour moi d'observer l'attitude des participants au stage de Hino senseï à Herblay ! J'étais sidérée de voir autant de pratiquants s'essayer trois fois à un exercice puis s'asseoir sur le tatami pour attendre le suivant. Investir 150€ dans un stage, avec un professeur d'une telle renommée, et en passer les deux tiers assis à attendre, j'avoue que cela me laisse pour le moins perplexe. Autant je peux comprendre que que l'on vienne chercher un entrainement supplémentaire dans un stage, autant là, je ne comprends pas. Vraiment.

     Mais après tout, c'est leur problème. Là où ça devient le mien, c'est lorsque je me trouve confrontée à leur pratique. Essayer de se plier à un exercice avec quelqu'un qui travaille d'une autre façon, cela relève de la gageure. Impossible de travailler sur le ressenti, sur la perception d'intention face à un pratiquant qui s'empresse de passer une clef dès qu'il peut. J'imagine que le ressenti pour lui n'est pas meilleur. Il doit avoir l'impression de travailler avec une sorte de blob, mou et passif. Chaque fois que je me trouve confrontée à cette situation, c'est une pleine bouffée de frustration. Je m'adapte, je reprends un travail plus dur, j'essaie d'en profiter pour travailler d'autres choses... mais j'ai tout de même cette sensation de passer à côté de ce qui est demandé et de ce que cela pourrait m'apporter. Peut-être mes partenaires ressentent-ils la même chose dans ces occasions. Difficile d'en être sûre, même s'il est probable que ce travail soit insatisfaisant pour les deux.

     Mais si la situation est insatisfaisante pour les deux, quelle est alors la solution ? Je n'ai pas de réponse à cette question. Il faut probablement couper la poire en deux et que chacun y mette du sien, néanmoins, je vois difficilement comment appliquer ce bel adage.


     D'un stage à l'autre, la répartition des pratiquants dans l'une ou l'autre tendance est très variable, même si, et à mon sens c'est heureux, les seconds ne sont jamais majoritaires. Néanmoins, et sans pouvoir expliquer pourquoi, je me suis très peu trouvée confrontée au deuxième profil dans les stages belges, ce qui explique ma préférence.

L'exception qui donne à réfléchir

   Le seul stage en France où j'ai encore moins croisé ce profil qu'en Belgique fut celui de Marseille. A vrai dire, je n'ai pas souvenir d'un seul participant qui m'ait donné cette impression, même s'il est probable que ce soit ma mémoire qui soit en cause.
   J'y ai trouvé l'attitude des pratiquants différente. Plus tournée vers ce qui était proposé et moins vers leur entrainement habituel. Mais en y réfléchissant à deux fois, il me semble que ma propre attitude était différente aussi. Plus tolérante.
Le stage était organisé par des pratiquants de Karaté. Peut-être que toute la différence réside dans ce simple fait. Les disciplines étant notoirement différentes, chacun à fait un pas vers l'autre.

Quel paradoxe qu'il soit plus difficile de faire ce pas quand nous sommes issus de la même discipline.


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