mercredi 8 janvier 2014

Retour au dojo


Bonjour à tous,

Aujourd'hui quelques considérations personnelles. Je vous livre un peu de mon ressenti...

Hier était pour moi le jour du retour au dojo de karaté shotokan, après plus de 4 ans d'arrêt. Pas que j'ai eu un grand niveau à l'époque, mais cet arrêt s'était tout de même fait avec moult regrets et pincements au cœur.

Bref hier, retour. On ressort le keikogi, on remet la ceinture blanche (parce qu'on s'attend à avoir tout perdu), on respire un grand coup et on y va.
Le décors est familier, le dojo n'a pas changé d'un poil. Toujours les mêmes grandes baies vitrées, le même rideau derrière lequel on entend le brouhaha incessant du cours de jujitsu, le même empilement de sac le long du mur.
Parmi les élèves, quelques têtes connues. Des amis de longue date. Les couleurs des ceintures ont parfois changées, mais les sourires sont toujours les mêmes.

Et puis Max Senseï.
On peut retrouver un enseignant sans sourciller. Retrouver un Maître, son Maître, c'est différent. C'est comme rentrer chez soi et découvrir qu'on vous y attendait. Et lorsque votre Senseï vous serre dans ses bras en vous disant qu'il est heureux de votre retour, difficile de contenir son émotion...

Heureusement, le cours démarre. Du haut de ses 76 ans, Senseï mène l'échauffement à un train d'enfer. D'autant qu'il a décrété que les fêtes nous avaient engraissé(e)s ! Le running et la remise en forme générale payent : j'arrive à suivre sans difficultés, et même sans essoufflement. Merci Fabien !

Puis travail technique. Et là, surprise. J'ai arrêté 4 ans, et j'ai la sensation d'avoir progressé. Cherchez l'erreur. Et pourtant, les faits sont bien là. Mes mouvements sont plus précis, mais aussi plus naturels et sincères qu'ils ne l'ont jamais été. Les coups partent des hanches, je suis moins raide (du coup je fatigue moins vite), mon équilibre sur les coups de pied est meilleur... Sur le moment, j'attribue ça à la perte de poids. Après tout, étant plus à l'aise dans mon corps, il est normal qu'il réagisse mieux. Mais la sensation de rentrer chez soi s'accentue. Si le travail des katas est un peu plus hasardeux, la mémoire de l'enchaînement faisant un peu défaut, à chaque mouvement, le bunkai est une évidence. Pas parce que je m'en souviens, mais parce que je le sens. Mon corps le sent. Sensation étonnante et inédite. Je n'avais pas cette compréhension physique il y a 4 ans, c'est une certitude. Alors qu'est-ce qui a changé ?

Les réponses viennent au moment du travail avec un partenaire.
Je me retrouve à expliquer à deux élèves pourquoi ce qu'elles font ne peut pas fonctionner. Et le petit détail qui rendra la technique efficace.
Ceux qui pratiquent les AM ont tous connu ce moment où un sempai vous explique une technique et où vous la reproduisez avant de guetter son approbation (ou ses critiques). Habituée à être la place de la débutante, voir ces deux élèves attendre mon approbation est plutôt déstabilisant. Surtout quand je réalise soudain qu'elles sont 4e kyu toutes les deux (ceinture bleue), soit plus avancées que moi il y a 4 ans...
Tant pis, j'ai commencé une explication, je ne peux pas me défiler maintenant. Je continue donc, et une petite phrase me fait tilter : «Tu dois créer un vide pour déséquilibrer».
C'est bon, j'ai compris. Voilà ce qui a changé. L'Aïkido.
Six mois de pratique de l'Aïkido/Aïkibudo (c'est à dire pas grand chose), ont radicalement changé ma perception du Karaté. Ou plutôt ma perception tout court. Je commence à sentir, à comprendre par le corps. Bien sûr, je cogite toujours beaucoup trop, mais mon corps commence à s'éveiller. A percevoir des choses qui jusque là échappaient totalement à mes neurones.

Reprendre le Karaté avec ce nouvel éclairage, c'est comme rentrer chez moi après une longue absence. Je suis maladroite, un peu perdue, mais les choses sont toujours à la même place et je les perçois avec une sensibilité accrue. Aiguisée.
Je me découvre prête à me relever.

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